
L’Union européenne a entamé des discussions sur le prochain budget à long terme de l’UE, qui déterminera de quelle manière des milliards d’euros seront investis dans l’avenir de l’Europe. Les premières discussions laissent entrevoir des coupes potentielles dans d’importants programmes d’investissement social. Les propositions visant à fusionner les mécanismes de financement risquent d’affaiblir considérablement le soutien apporté aux actions et programmes clés en matière d’intégration sur le marché du travail, de formation et d’inclusion sociale.
L’Europe a besoin d’un budget européen solide, ainsi que de politiques économiques, sociales et environnementales plus larges. Un Fonds social autonome est essentiel pour réduire les inégalités, promouvoir l’innovation sociale et atteindre des niveaux d’emploi élevés, renforcer le marché unique et rendre l’Europe plus compétitive à l’échelle mondiale. La commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen s’en fait l’écho.
L’Union européenne s’est engagée à sortir de la pauvreté au moins 15 millions de personnes, dont au moins 5 millions d’enfants, d’ici à 2030. Il s’agit d’un objectif essentiel qui ne pourra être atteint que s’il est soutenu par des actions concrètes, des ressources suffisantes et une ambition politique permettant une plus grande cohésion sociale et une meilleure inclusion.
En 2023, un nombre alarmant de 94,6 millions de personnes en Europe étaient menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale. Malgré de petites améliorations par rapport aux années précédentes, il est inquiétant de constater que près d’un enfant sur quatre est pris au piège de ce cycle. Les organisations nationales de la société civile font également état d’une augmentation des formes extrêmes de pauvreté, avec davantage de demandes d’aide alimentaire et d’aide au paiement des factures, en particulier pour le logement et l’énergie.
Les disparités croissantes vont encore s’aggraver si aucun soutien n’est apporté à ceux qui en ont le plus besoin. Il s’agit de la vie des personnes et des communautés et cela suscite des préoccupations socio-économiques plus larges ainsi qu’une instabilité politique.
Compte tenu du contexte géopolitique, sécuritaire et socio-économique actuel, il est essentiel que l’UE reste ferme et veille à ce que ses priorités sociales soient préservées. Investir de manière décisive dans les personnes qui ont besoin d’aide renforcera les droits sociaux, empêchera la polarisation, soutiendra les entreprises et garantira que toutes les communautés s’en sortent socialement et économiquement.
Ces dernières années, la politique de cohésion de l’UE s’est avérée essentielle pour investir dans les personnes, en particulier dans les régions les plus défavorisées. Le Fonds social européen+ a contribué à cette réussite en permettant de créer des emplois, de dispenser des formations essentielles, de mener des réformes en faveur de l’inclusion sociale et de répondre aux besoins les plus urgents des personnes en situation de pauvreté ou menacées de l’être. Ce Fonds a soutenu chacun d’entre nous, nos amis, nos familles et nos communautés locales, ainsi que nos entreprises locales, notre économie sociale, nos services sociaux et d’autres services essentiels. Planifié, géré et contrôlé en étroite collaboration avec les différents niveaux de gouvernement et les organisations locales, il a la capacité de s’adapter à la fois aux besoins régionaux et aux défis mondiaux plus larges, en améliorant l’employabilité et en renforçant le modèle européen d’économie sociale de marché. Il est encore temps de mettre les choses au point et de garantir un fonds social fort, axé sur la communauté, aligné sur les besoins locaux et régionaux, qui renforce durablement les sociétés et investit directement dans ceux qui en ont le plus besoin et dans leur potentiel.
Grâce à une utilisation stratégique, un Fonds social européen plus fort est capable de défendre les droits de l’homme, de renforcer la cohésion sociale, de créer une main-d’œuvre plus qualifiée, d’améliorer la viabilité économique à long terme et de favoriser la productivité et l’innovation, garantissant ainsi des régions prospères et renforçant la compétitivité de l’Europe au niveau mondial.
En conclusion, le prochain budget à long terme de l’UE doit inclure :
- Un Fonds social européen renforcé et autonome, avec des moyens accrus et non réduits.
- Un financement réservé à la formation et à l’emploi, aux mesures d’inclusion sociale et à la lutte contre la pauvreté des enfants, y compris la prise en compte des besoins fondamentaux dans les programmes clés.
- Un principe de partenariat fort, garantissant la coopération entre les autorités publiques, les organisations locales, les partenaires sociaux, l’économie sociale et la société civile, aligné sur les besoins locaux et régionaux, afin de maximiser l’impact et l’efficacité. Cela devrait inclure des programmes de renforcement des capacités.
- Des mesures qui favorisent des réformes sociales et de l’emploi de qualité afin d’améliorer les systèmes de protection sociale, les soins, la formation et les services d’aide, en donnant des moyens d’action à ceux qui sont menacés par la pauvreté et l’exclusion sociale. Cela signifie qu’il faut maintenir les conditions actuelles qui lient l’éligibilité au financement à l’accessibilité, à l’inclusion et à la protection des droits fondamentaux et sociaux.
- Nous sommes prêts à soutenir les décideurs politiques dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces priorités et à garantir une Europe plus forte, plus inclusive et plus prospère.
La déclaration commune et la liste des signataires sont disponibles ici.