Les 4 et 5 décembre 2025, la Commission européenne, en collaboration avec le Forum européen des personnes handicapées (FEPH), a organisé la Journée européenne des personnes handicapées (JEPH) 2025, un événement phare réunissant des centaines de décideurs politiques européens, d’organisations de personnes handicapées, de défenseurs des droits et d’experts, afin de promouvoir l’inclusion au sein de l’Union européenne.
La délégation d’Autisme-Europe (AE) a mis en avant les préoccupations majeures de la communauté autiste liées à la vie indépendante et à la préparation aux situations de crise, tout en saluant l’engagement continu de la Commission en faveur des droits des personnes handicapées dans l’UE.
La Journée européenne des personnes handicapées 2025 a débuté le 4 décembre dans un contexte de fort engagement politique. À cette occasion, Hadja Lahbib, commissaire européenne à l’Égalité, à la Préparation et à la Gestion des crises, a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne vis-à-vis de la Stratégie 2021-2030 en faveur des droits des personnes handicapées, notamment à travers la proposition du programme Agora UE qui serait doté d’un budget de 3,6 milliards d’euros. Le président sortant du FEPH Ioannis Vardakastanis a salué l’impact de l’action collective de la communauté du handicap au fil des années. Il a toutefois averti que les coupes proposées dans les fonds sociaux du prochain budget de l’Union européenne risquaient d’affecter la communauté du handicap, tout en appelant la Commission européenne à envoyer un signal clair de soutien.
Discussion sur la prochaine phase de la Stratégie européenne pour les droits des personnes handicapées
Le premier panel a abordé la manière de traduire la prochaine phase de la Stratégie en faveur des droits des personnes handicapées 2021‑2030 en améliorations concrètes en matière d’accessibilité, de vie indépendante et de participation équitable des personnes handicapées au sein de l’Union européenne. Markus Schefer, expert en handicap auprès du comité de suivi de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CNUDPH), a souligné les « dédales administratifs » auxquels les personnes handicapées sont confrontées pour exercer leur liberté de circulation dans l’UE, en raison de la non-portabilité des prestations et de l’absence de reconnaissance mutuelle du statut de personne handicapée. Il s’agit d’un enjeu crucial pour les personnes autistes, compte tenu des fortes disparités d’accès au diagnostic et à la reconnaissance de l’autisme dans les États membres de l’UE. Ettore Focardi, membre du Conseil d’administration d’Autisme-Europe, a exhorté l’UE à agir de façon décisive. Il a averti que, sans financement spécifique pour soutenir la désinstitutionalisation et la formation du personnel, la ségrégation continuerait, surtout pour les personnes autistes ayant des besoins de grande dépendance. Il a souligné l’importance de plans individualisés pour une vie indépendante.
Exemple d’utilisation significative des fonds européens pour soutenir les personnes autistes et leurs familles
Le deuxième panel a abordé la manière de rendre le financement à long terme de l’UE inclusif pour les personnes handicapées, en soulignant le rôle crucial des instruments financiers européens pour atteindre les objectifs de la Stratégie en faveur des droits des personnes handicapées 2021‑2030.
Le Centre chypriote d’intervention et de soutien familial, financé à 95 % par le Fonds social européen+ (FSE+) jusqu’en 2027, a été présenté. Ce centre propose un soutien innovant, individualisé, à domicile et dans la communauté, montrant que l’aide ciblée de l’UE peut fournir un accompagnement global et transformateur.
Un témoignage vidéo d’une mère d’un enfant autiste a mis en évidence le rôle du centre, dans lequel elle explique qu’elle ne se sent désormais plus seule. Maria Toumazou, attachée à la politique sociale auprès de la représentation permanente de Chypre auprès de l’UE à Bruxelles, a précisé que le centre d’intervention et de soutien familial s’inscrit dans la première stratégie séparée et le plan d’action national pour l’autisme à Chypre. Approuvé en avril 2024, ce plan couvre l’ensemble du cycle de vie et propose des interventions personnalisées pour les personnes autistes, en complément de la Stratégie nationale globale sur le handicap.
Franck Conrad de la Direction générale du Budget de la Commission européenne a expliqué que l’ancrage de la Charte européenne des droits fondamentaux en tant que condition horizontale dans le prochain budget de l’UE permet d’élargir sa couverture et d’assurer une application plus stricte. Cela combine la suspension éventuelle des financements avec des incitations à la conformité pour les États membres, transformant le système en mécanisme à la fois contraignant et encourageant. Thomas Bignal, secrétaire général de l’Association européenne des prestataires de services pour personnes handicapées, a averti que simplifier ou mettre de côté la CNUDPH risquerait de fausser sa finalité : loin de constituer une charge bureaucratique, elle permet un usage efficace des fonds publics au bénéfice des personnes handicapées.
Zaragoza, en Espagne, remporte le Prix Access City 2026
Le 5 décembre 2025, l’accessibilité urbaine pour les personnes handicapées a été mise à l’honneur, tandis que la ville de Zaragoza recevait le Prix Access City 2026 pour ses investissements, sa législation et sa planification à long terme, qui prévoient des normes claires pour les rues, les transports, les bâtiments publics et les services. Valence, arrivée deuxième grâce à son leadership fort et sa collaboration significative avec les personnes handicapées qui ont permis de rendre le bus et le métro entièrement accessibles, de garantir que 96 % des rues et espaces publics soient sans obstacles, et de fournir des outils numériques guidant les conducteurs de voiture vers des places de stationnement accessibles pour favoriser les déplacements autonomes. Valence a également reçu une mention spéciale pour l’accessibilité dans la préparation aux situations d’urgence.
Préparation et gestion des crises
Le dernier panel était consacré à la préparation et à la gestion des crises. Pietro Cirrincione, membre du Conseil d’administration d’Autisme-Europe, a souligné les lacunes importantes au sein de l’UE en matière de gestion des urgences adaptée aux personnes autistes. Ruslan Topchan, vétéran ukrainien, a évoqué les défis de réadaptation en Ukraine, notamment le manque d’abris accessibles, de systèmes d’alerte inclusifs, de soins de proximité et d’accès aux soins médicaux, en insistant sur le fait que « l’inclusion n’est pas un privilège, mais une condition nécessaire pour sauver des vies ». Hans Das de la Direction générale de la Commission européenne pour la Protection civile européenne et les opérations d’aide humanitaire a réaffirmé l’engagement de l’UE selon lequel « la préparation aux crises est pour tous », notamment au moyen de lignes directrices intégrant les besoins des personnes handicapées dans les services et formations d’urgence.
Autisme-Europe se félicite de cette attention portée aux besoins des personnes handicapées et appelle à une collaboration avec les personnes autistes et les autres communautés de handicap afin de garantir que tous les plans d’urgence soient inclusifs, en citant des bonnes pratiques existantes comme le programme régional de Catalogne, qui adapte les messages de protection civile en coopération avec la communauté autiste.