Comprendre « l’approche faible excitation » (Low Arousal Approach)
L’approche du faible excitation a été établie à la fin des années 1980, au Royaume-Uni. Sa philosophie met l’accent sur une approche non agressive en situation de crise. En 1992, le Professeur McDonnel a créé une société de formation appelée « Studio 3 Training Systems Ltd ». Depuis ces 25 dernières années, Studio 3 s’est développé et dispense désormais ses services dans toute l’Europe.
S3 : Qu’est-ce que Low Arousal Approach signifie, qu’est-ce que cela à voir avec le stress et pourquoi est-ce pertinent pour les personnes autistes ?
Pr. Andrew McDonnell : La Low Arousal Approach est une compilation de stratégies de gestion du comportement axée sur la gestion efficace des crises. En tant que jeune psychologue formé au soutien du comportement positif, il m’a toujours été demandé de constituer des programmes mais également de fournir des conseils sur ce que l’on peut faire en situation de crise. Selon mon expérience, les personnes autistes sont souvent « très stimulées » et une bonne gestion du stress doit être appliquée dans ces circonstances. Il y a une phrase que j’aime et c’est celle-ci : « N’attendez pas de vous noyer pour apprendre à nager ». Les personnes que nous aidons peuvent accumuler du stress jusqu’au point de se replier totalement sur elles-mêmes et d’entrer en crise. Apprendre à leurs proches comment se comporter avec elles dans ces circonstances est, à mon avis, essentiel.
S3 : La Low Arousal Approach peut-elle être appliquée dans le foyer familial et dans les écoles ? Peut-elle être utilisée par les parents et les familles ?
AM : Absolument ! Nous sommes fiers du fait que les parents peuvent être formés à cette approche. Bon nombre de parents et de prochesont suivi la formation et l’ont appliquée avec succès dans leurs familles. Linda Woodcock, parent d’une personne autiste, a écrit un excellent ouvrage sur la Low Arousal Approach intitulé « Managing Family Meltdown (gérer les crises familiales). Former les familles sur l’approche du faible niveau d’excitation fait partie de mes priorités et de celles de Studio 3.
S3 : Dans le cadre de l’approche, vous prônez une utilisation minimale de l’intervention physique, c’est-à-dire uniquement lorsqu’un risque imminent de mise en danger est apparent. Pourquoi ?
AM : Trop de formations dans ce domaine proposent des interventions physiques comme moyen de gérer les comportements qui posent question. Studio 3 a toujours réduit le nombre d’interventions physiques enseignées dans nos formations. C’est parce que nous avons adopté une perspective assez radicale que nous interdisons de nombreuses méthodes de contention dans nos programmes internationaux.
Il faut savoir que bon nombre d’entre elles sont carrément dangereuses. Outre le fait que nos formations diffèrent de celles offertes dans d’autres entreprises en raison de notre philosophie, notre méthode de formation est aussi différente. Souvent, les gens oublient ce qu’ils ont appris en formation lorsqu’ils se retrouvent dans des situations stressantes. Chez nous, notre formation ne se limite pas à la salle de classe. Au contraire, nous sommes en mesure de fournir une formation et un soutien spécialisés sur le terrain.
S3 : Auriez-vous des conseils à donner aux parents/aidants qui accompagnent des personnes qui s’automutilent?
AM : Le comportement d’automutilation est un problème très commun qui est néanmoins extrêmement éprouvant pour la personne elle-même et les personnes qui la soutiennent. Selon mon expérience, l’automutilation est souvent provoquée par les différences sensorielles d’un individu. Par conséquent, le recours à des stratégies proactives en lien avec la sensorialité peuvent souvent être très efficaces pour réduire les épisodes d’automutilation. En outre, créer des programmes de relaxation axés sur les aspects sensoriels peut également être bénéfique.
Pour vous donner un exemple, une personne a presque toujours des odeurs qui exercent un effet relaxant. Utiliser cette stratégie peut non seulement relaxer la personne en situation de stress mais cela peut aussi diminuer sa fréquence cardiaque. Le comportement d’automutilation est très complexe et peut avoir de nombreuses fonctions pour l’individu. Néanmoins, en plus d’utiliser des stratégies proactives, en période de stress extrême, les parents devront également utiliser des stratégies réactives. Par exemple, les parents peuvent apprendre comment distraire physiquement une personne lorsque l’automutilation lui cause des lésions.
S3 : Combien de temps faut-il pour apprendre votre méthode et quelles sont les qualifications préalables pour participer à la formation ?
AM : Nous dispensons régulièrement des formations de base aux personnes de soutien (notamment les familles, les aidants et les équipes de personnel) sur une période de trois jours. Ces cours sont disponibles dans 14 pays dont la Suède, le Danemark, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Canada. Nous offrons également des formations aux organisations pour permettre à leurs employés de devenir à leur tour des formateurs affiliés à Studio 3.
Je dois toutefois souligner que les formateurs potentiels doivent avoir préalablement suivi le cours de formation de base de trois jours, quelle que soit leur expérience. En outre, nous avons un niveau d’exigence très élevé pour nos formateurs et dans certains cas, les personnes n’ont pas réussi la formation.
S3 : Quelles sont, selon vous, les perspectives d’avenir pour la Low Arousal Approach et Studio 3 ?
AM : Alors que l’approche du faible niveau d’excitation est conceptuellement très forte, il y a encore besoin de preuves empiriques plus solides. Cela est d’autant plus vrai que les programmes de formation semblent de plus en plus populaires.
En outre, les besoins comportementaux spécifiques des personnes autistes devront être mieux pris en compte dans le futur travail sur l’approche de la Low Arousal Approach. Cela impliquerait certainement de mieux faire entendre la voix des personnes que nous soutenons à travers les formations que nous offrons. Enfin, l’objectif principal de Studio 3 est toujours de promouvoir une vie sans restriction ni contention pour les personnes autistes.
En savoir plus sur Studio 3 Training Systems et ses services
Article rédigé par Tarendeep Kaur Johal et Simone Kendall, psychologues cliniciennes adjointes chez Studio 3 Clinical Services Ltd en février 2018.