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Asperger et amoureux

N’est-il pas vrai que nous voulons tous simplement donner de l’amour et être aimés en retour ? Les personnes autistes veulent de l’amour, au même titre que les autres.

En général, l’amour et les relations sont des sujets compliqués et, pour les personnes autistes, ils le sont tout autant. Force est de constater que de plus en plus de personnes dans le monde se sentent seules et isolées, ce qui est également le cas des personnes autistes. Damian Littlefair, un homme de 28 ans vivant à Darlington, au Royaume-Uni, n’a jamais eu de rendez-vous amoureux, a-t-il déclaré à la BBC.

Il s’est porté candidat pour plusieurs émissions de téléréalité au Royaume-Uni, mais n’a jamais été accepté en tant que participant. Il a pourtant aussi essayé des moyens « non conventionnels », comme publier des annonces dans des groupes d’achats et de vente sur Facebook. Malheureusement, les gens « ne veulent plus rien savoir » quand ils découvrent que Damian est autiste.

En fait, les principaux problèmes auxquels sont confrontées les personnes autistes concernent la communication sociale. Par conséquent, sortir avec quelqu’un ou simplement se faire des amis peut générer toutes sortes d’obstacles.

Heureusement, Christine O’Neil et Vicky Baddeley de Cambridgeshire ont créé un service de rencontres, intitulé « Safe Soulmate » pour les personnes autistes. Safe Soulmate n’est pas un service en ligne, car Christine et Vicky rencontrent les personnes chez elles pour savoir ce qu’elles recherchent : de nouveaux amis, une relation, voire les deux. Vicky, qui travaille dans le domaine des troubles d’apprentissage, souligne que les gens ne sont pas uniquement intéressés par des relations amoureuses, mais que beaucoup recherchent simplement un ami à qui parler.

« Nous sommes aussi une agence d’amitié, car nous sommes conscients que les gens ont désespérément besoin d’amis », a-t-elle déclaré au journal Ely Standard.

Christine, qui jouit également d’une certaine expérience dans le domaine des troubles d’apprentissage, a déclaré : « J’ai réalisé qu’il n’y avait rien dans ce domaine pour aider les gens qui ont des besoins additionnels. » Vicky a ajouté: « La plupart des activités sociales se déroulent dans des cafés et d’autres lieux implantés dans la communauté pour encourager l’inclusion sociale. Nous prévoyons aussi d’organiser des soirées entre les membres d’un club ». Christine et Vicky travaillent en étroite collaboration avec un groupe local de santé sexuelle, qui organise des ateliers sur les questions d’amitiés, de relations, de limites, de sexualité et de sécurité en ligne.

Ce genre de services est aussi mis en place par des personnes autistes elles-mêmes, comme Evan Mead a raconté au Canadian Broadcasting Company dans un interview, qui a mis sur pied un « club de rencontre Asperger ». Dans ce groupe, les personnes autistes participaient à des speed-dating où elles changeaient toutes les deux minutes d’interlocuteur avec qui elles échangent sur leurs intérêts mutuels.

Pour Evan, les rencontres amoureuses sont inconfortables pour la plupart des gens, mais lorsqu’on est autiste, cela ajoute un niveau de difficulté supplémentaire. En fait, le « club de rencontre » a connu un démarrage compliqué. Les participants se demandaient : « Est-ce que je vais apprendre à tomber amoureux ? Suis-je censé tomber amoureux de la personne assise en face de moi ? » Le club avait trois coaches qui travaillaient avec les participants. L’un d’entre eux aidait les participants à se représenter leur partenaire idéal et à s’exprimer à ce sujet. Le deuxième travaillait sur les aptitudes à converser et sur la façon de s’habiller. Le troisième, expert dans le domaine de la sexualité, abordait les questions d’intimité.

A posteriori, Evan Mead s’est rendu compte qu’il avait visé trop haut. Les ateliers étaient, à la base, destinés aux rencontres amoureuses. Mais au fil des conversations, Evan a découvert que de nombreux participants éprouvaient de grandes difficultés à se faire des amis, que dire alors des rendez-vous amoureux ! Evan a donc décidé d’octroyer un espace pour les rencontres amicales.

Il n’existe pas de façon unique de faire des rencontres amoureuses ou amicales lorsqu’on est une personne autiste, comme en témoigne Jamie sur le site Web de LGBTI Gaystar News. Ce jeune homme de 18 ans, qui habite à Stoke-on-Trent, au Royaume-Uni, est autiste et ses fréquentations sont relativement faciles. Il parle ouvertement de son autisme lorsqu’il rencontre des partenaires potentiels. En fait, la plupart d’entre eux ont admis ne pas avoir deviné que Jamie était autiste. Ses partenaires s’intéressent à lui, pas à son autisme, ce qui n’est pour Jamie qu’un aspect de sa personnalité.

Il est tout simplement humain de vouloir aimer et d’être aimé. Il est donc tout à fait logique que les personnes autistes veuillent décider d’avoir leurs propres relations, comme tout un chacun. En outre, leur réel effort pour surmonter leur sentiment de solitude contribue à leur émancipation dans la société. Cet aspect reflète le sens véritable de la journée Asperger (18 février).