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« Les médias devraient communiquer ce que vivent réellement les personnes autistes »

Adam Harris, membre du Conseil d’administration d’Autisme-Europe, a prononcé un discours sur le rôle des médias dans la sensibilisation à l’autisme et la lutte contre la stigmatisation lors d’une audition publique tenue au Comité économique et social européen (CESE) à Bruxelles le 28 juin 2019.

Des représentants du groupe d’étude du CESE sur les droits des personnes handicapées, de plates-formes pour les personnes handicapées et d’ONG, des défenseurs des droits des personnes handicapées, des professionnels de la communication et d’autres parties prenantes ont débattu de stratégies visant à mieux faire connaître les droits des personnes handicapées, afin que celles-ci puissent accéder à de l’information de qualité et mieux se faire entendre dans les médias. En outre, ils ont échangé des bonnes pratiques et se sont penchés sur la question de savoir comment les médias devraient représenter les personnes handicapées selon une approche fondée sur les droits humains.

Ionnis Vardakastanis, membre du groupe d’étude du CESE sur les droits des personnes handicapées, a ouvert l’audition en soulignant la nécessité, pour la Commission européenne, de développer des initiatives phares pour faire connaître les droits des personnes handicapées en vertu de l’article 8 (sur la sensibilisation) de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées.

Faire connaitre l’autisme

Adam Harris, directeur de l’ONG irlandaise « AsIAm » et représentant des personnes autistes, a participé à l’audition en tant que paneliste, , et a exprimé les préoccupations de la communauté autistique par rapport aux médias. Dans son intervention, Harris a souligné la nécessité d’une « stratégie collaborative et transnationale pour l’autisme afin de sensibiliser et d’obtenir une véritable inclusion pour nos communautés, partout en Europe ».

Il a poursuivi en soulignant que « le principal obstacle pour les personnes autistes est le manque de compréhension » et en expliquant comment cette compréhension pourrait être abordée. « Les médias devraient communiquer ce que c’est que de vivre avec l’autisme. (…) La grande majorité des gens veulent être inclusifs, mais ils ne savent pas comment, y compris les médias », a déclaré Harris.

De plus, Harris a soulevé différents points qui entravent une approche inclusive de l’autisme dans les médias :

  • les médias devraient renforcer la confiance et donner aux personnes autistes les moyens de s’exprimer elles-mêmes. Ils doivent faire en sorte d’éviter les stéréotypes dans leurs messages ;
  • il est nécessaire de passer d’une approche caritative ponctuelle à une approche fondée sur les droits dans la façon dont les médias abordent le handicap ;
  • les médias devraient donner une représentation plus exacte de l’autisme et essayer d’englober tout le spectre ;
  • les médias ne doivent pas véhiculer des mythes et des idées fausses, mais relayer des sujets qui comptent réellement pour les personnes autistes et leurs familles (comme l’emploi, l’éducation, la pauvreté, etc.) ;
  • Actuellement, s’il y a un personnage autiste dans une émission de télévision, l’intrigue se concentre exclusivement sur le fait qu’il est autiste, et non sur d’autres aspects, ce qui crée une stigmatisation ;
  • Les médias sociaux ne sont pas accessibles aux personnes autistes. Certaines personnes autistes ne comprennent pas les termes d’usage ;
  • promouvoir des lignes directrices pour les médias afin d’aborder correctement l’autisme et encourager les médias à travailler avec des personnes autistes.

Meilleures pratiques en matière de communication des droits des personnes handicapées

Suite aux interventions des autres panélistes (dont André Felix du Forum européen des personnes handicapées, Wouter Gekiere de l’Union européenne de radio-télévision, Jan Kooy de Human Rights Watch, Zdena Štěpánková de la Foundation for support of employment of people with disabilities et Milica Pešić du Media Diversity Institute), plusieurs stratégies, exemples de bonnes pratiques et exigences de la communauté des personnes handicapées susceptibles d’assurer la pleine inclusion des personnes handicapées dans les médias ont été soulevés :

  • Les médias se doivent de bien communiquer les droits des personnes handicapées, mais ils doivent aussi être pleinement accessibles au public (en utilisant des sous-titres et des descriptions audio, en diffusant du contenu dans un format facile à lire, etc.) ;
  • Les personnes handicapées doivent se voir représentées dans les médias. Les rôles dans les films et séries qui portraient des personnes handicapées devraient être joués par des personnes handicapées ;
  • Les médias devraient embaucher des personnes handicapées et les rendre plus visibles, pas seulement par rapport au handicap, car ce n’est pas le seul aspect de leur personnalité, mais pour traiter de tout type de sujet.
  • Le journalisme inclusif devrait être enseigné dans les facultés et écoles de communication et de journalisme. La presse et les organisations de personnes handicapées devraient également être formées sur ce sujet ;
  • Les médias doivent adopter un langage acceptable lorsqu’ils parlent de handicap afin de combattre la discrimination, l’infantilisation, la commisération ou la condescendance.
  • Les entreprises de médias de masse devraient augmenter leurs budgets pour améliorer l’accessibilité ;
  • Les facteurs culturels devraient être pris en compte lorsqu’on aborde les droits des personnes handicapées ;
  • Les médias devraient coopérer avec la société civile et les ONG.