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Pierre Marcantonio, dessinateur 3D autiste

« Le fait d’exprimer ‘mon âme d’enfant’ me permet de passer des jours heureux au travail »

Lors du 12e congrès international d’Autisme-Europe (AE), qui s’est tenu à Nice en septembre 2019, AE a eu l’occasion de parler avec Pierre Marcantonio, un jeune artiste français diagnostiqué du syndrome d’Asperger très passionné par le monde de l’animation 3D et par la défense des droits des personnes autistes. Sur la photo ci-dessus, Pierre Marcantonio discute avec Sophie Cluzel, Secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, lors du congrès d’AE.

Autisme-Europe :  Quand avez-vous reçu votre diagnostic d’autisme et ce que cela signifiait pour vous ?

Pierre Marcantonio : J’ai été diagnostiqué autiste Asperger à l’âge de 23 ans à Lyon. Grace à ce diagnostic, j’ai reçu une révélation comme quoi il existe non pas un seul type d’intelligence mais plusieurs types d’intelligences, une multitude, voire une infinité d’intelligences humaines qui existent dans le monde. 

AE : Dites-nous en plus sur votre profession.

PM : Mon travail actuellement c’est de faire de la mise en scène en 3D par l’intermédiaire d’un logiciel d’animation 3DsMax. Je mets en scène les personnages et les accessoires dans un espace 3D et, en même temps, je mets en place la caméra par rapport à la volonté du réalisateur et, de ce fait, je transmets le plan par l’intermédiaire d’une vidéo appelée la prévisualisation ou, pour faire plus court, une prévise, afin que les animateurs, puis le personnes du compositing puissent terminer le travail dans un plan particulière soit dans un dessin animé, donc que une série télévisé, ou encore un long métrage d’animation.

AE : Quel est le secret de la réussite au travail ?

PM : J’aime beaucoup ce travail parce que ça réveille constamment mon âme d’enfant, puisque mon âme d’enfant c’est la règle d’or dans ce métier puisqu’ en fait, comme je fais des dessins animés, bah je fais des dessins animés pour les enfants et, en même temps, tous mes collègues manifestent une âme d’enfant, c’est ce qui fait que ça constitue un environnement de travail hautement favorable pour moi, et que ça me permet de canaliser beaucoup plus cette énergie que je n’en dépense au fil du temps et ça me permet de passer des jours heureux au travail sans répit. 

AE : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au travail ? 

PM : Il est vrai que, d’un autre côté, je représente certaines difficultés en matière, comment dire, de dialogue social. Par exemple, j’ai encore un peu mal à maîtriser les « second degré », mais bon, ça c’est un caractère neurodéveloppemental donc que ça peut s’apprendre comme avec la cuisine. D’autre part, je dois encore maîtriser un petit peu les expressions implicites, voire même d’autres choses sous-entendues mais bon ça aussi c’est un moindre mal parce que ça s’apprend également au fil du temps donc je reconnais que pour moi c’est un phénomène graduel donc que je dois me montrer patient. Ce n’est pas sans difficulté bien sûr, mais c’est un truc qui s’apprend et j’ai entièrement confiance là-dessus aussi.

AE : Qu’est-ce que la pleine inclusion pour vous ?

L’inclusion c’est pour moi le fait d’appliquer un état d’esprit capable d’accepter toutes les personnes et toutes les conditions ainsi que toutes les circonstances, quel que soit l’état d’esprit que ça donne. Et cet état d’esprit en question, c’est de l’équanimité. L’équanimité, c’est ce que m’a permis de m’accepter moi-même, que ce soit dans mon environnement de travail ou dans la vie quotidienne ainsi que dans les activités artistiques. C’est le fait que chaque personne faire preuve de bienveillance et d’acceptation pour montrer que la diversité c’est un phénomène qui existe et qui peut être accepté partout dans le monde.