En réponse au COVID-19, de nombreux gouvernements ont imposé des restrictions strictes à la liberté de circulation. Cette stratégie s’est avérée efficace pour réduire la propagation de la pandémie et sauver des vies. Cependant, de nombreuses femmes et filles souffrent des mesures de confinement qui ont multiplié les risques de violence domestique. Les filles et les femmes handicapées sont particulièrement vulnérables à la violence domestique en cette période. La ratification et la mise en œuvre intégrale de la convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes restent donc une priorité. Autisme-Europe a élaboré un document facile à lire sur la convention d’Istanbul afin de rendre l’information plus accessible. Ce document a été publié en lien avec un webinaire sur la convention d’Istanbul organisé par le FEPH.
La Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (2011) est un traité des droits humains qui vise à prévenir la violence à l’égard des femmes sous toutes ses formes. Il s’agit d’un instrument clé et Autisme-Europe plaide activement aux côtés du Forum européen des personnes handicapées et d’autres parties prenantes en faveur de sa pleine ratification et de sa mise en œuvre par l’Union européenne et ses États membres. Il est essentiel que les besoins des femmes handicapées soient correctement pris en compte dans ce processus, notamment en garantissant la pleine accessibilité des informations et des services. La situation actuelle liée au COVID-19 met en évidence le besoin urgent d’une réponse adéquate à la violence fondée sur le genre, en accordant une attention particulière aux difficultés rencontrées par les femmes handicapées.
Tant au niveau mondial que dans certains pays de l’UE, il a été signalé que les cas de violence domestique ont augmenté d’un tiers dans la semaine qui a suivi les mesures de confinement. Les femmes confrontées à la violence domestique ne peuvent pas quitter leur domicile et sont donc exposées à leur agresseur pendant de plus longues périodes. Il leur est difficile d’obtenir l’aide dont elles ont besoin. Les femmes handicapées sont de 2 à 5 fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les femmes non handicapées. En outre, elles sont parfois soumises à une stérilisation forcée et à des avortements contre leur gré. Les personnes qui ont un handicap psychosocial sont plus exposées à cette forme de violence, notamment lorsqu’elles sont placées à l’écart dans des institutions.
Le Fonds des Nations Unies pour la population a réalisé une étude d’impact de la pandémie COVID-19 sur le planning familial et la suppression de la violence fondée sur le genre, des mutilations génitales féminines et du mariage des enfants. Le rapport a constaté que pour chaque période de trois mois de confinement en raison de la pandémie, on s’attend à 15 millions de cas supplémentaires de violence fondée sur le genre à travers le monde. En raison des perturbations induites par la pandémie sur les programmes de prévention des mutilations génitales féminines (MGF), 2 millions de cas de MGF pourraient se produire au cours de la prochaine décennie, qui auraient autrement été évités. Les efforts visant à mettre fin aux mariages d’enfants sont perturbés, ce qui aura des conséquences économiques de grande envergure. Au total, 13 millions de mariages d’enfants supplémentaires devraient avoir lieu entre 2020 et 2030, ce qui n’aurait pas été le cas autrement.
Le FEPH a organisé un webinaire sur la Convention d’Istanbul le vendredi 8 mai. Cet événement a été l’occasion d’entendre le Groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) s’exprimer sur la pertinence de la Convention d’Istanbul pour les femmes et les filles handicapées et sur la façon de contribuer à sa mise en œuvre pour que cesse la violence à l’égard de toutes les femmes et filles. Le webinaire a mis en avant les expériences de femmes handicapées qui sont impliquées dans le suivi de la mise en œuvre de la Convention et alertent GREVIO des cas de violence à l’égard des femmes et des filles handicapées.
Veuillez consulter le document d’Autisme-Europe, facile à lire, sur la Convention d’Istanbul. Celui-ci a été rédigé en coopération avec Inclusion Europe et le Forum européen des personnes handicapées.