À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale 2024, 32 organisations européennes appellent à des actions concrètes pour façonner une Europe où la santé mentale de chacun est préservée tout au long de la vie.
Bruxelles, le 10 octobre 2024
Journée mondiale de la santé mentale
La présidente Ursula von der Leyen, dans ses orientations politiques 2024-2029, a souligné le besoin urgent « d’intensifier les travaux sur la santé préventive, en particulier la santé mentale ». Elle a souligné qu’il était essentiel de répondre aux préoccupations réelles et légitimes des citoyens européens face aux instabilités et aux insécurités auxquelles ils sont confrontés (notamment le coût de la vie, du logement et de l’énergie, les guerres, etc.) et a reconnu l’impact de ces changements et de ces crises sur la qualité de vie de la population¹. Elle a mis l’accent sur la santé mentale des enfants et des jeunes, notamment en ligne, et a promis des actions pour relever ce qu’elle appelle « le plus grand défi de cette décennie ».
Ces promesses de la présidente de la Commission européenne s’appuient sur les engagements pris ces dernières années par plusieurs institutions de l’UE², notamment la communication sur une approche globale de la santé mentale. Cependant, alors que l’UE et tous les États membres sont confrontés à l’incapacité de nos systèmes de santé mentale actuels à répondre aux besoins croissants de la population³, ces initiatives doivent être considérées comme un point de départ, et d’autres actions sont nécessaires de toute urgence pour donner la priorité à la santé mentale dans toute l’Europe.
Les organisations soussignées se félicitent de l’ambition renouvelée de la présidente de la Commission européenne et appellent toutes les parties prenantes à travailler ensemble pour traduire cette ambition en actions concrètes.
L’Europe est confrontée à un choix clair : répondre aux préoccupations de la population ou contribuer davantage aux défis persistants. La seconde option aura un coût, pour nos sociétés, nos économies et nos démocraties.
En cette Journée mondiale de la santé mentale, les organisations soussignées appellent
La Commission européenne à
élaborer une stratégie européenne globale en matière de santé mentale, assortie d’un calendrier précis, d’un budget adéquat, ainsi que d’indicateurs permettant de suivre et de coordonner les progrès accomplis au niveau européen et au niveau des États membres.
Cette stratégie européenne en matière de santé mentale doit :
- adopter une approche consistant à intégrer la santé mentale dans toutes les politiques, en agissant sur les déterminants socio-économiques et environnementaux de la santé mentale, dans différents domaines d’action au sein et au-delà du domaine de la santé, et en mettant fortement l’accent sur la prévention ;
- veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, en reconnaissant que certains groupes de personnes sont particulièrement exposés au risque de problèmes de santé mentale et ont moins de chances d’avoir accès à un soutien adapté en matière de santé mentale parce qu’ils vivent dans des situations vulnérables, qu’ils sont victimes d’une marginalisation structurelle ou d’une discrimination intersectorielle ;
- lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées à la santé mentale, en encourageant les initiatives en faveur de la santé mentale et les campagnes de communication dans l’UE, par le biais d’une année européenne de la santé mentale.
- veiller à ce que la transformation numérique place les droits de l’homme au centre de ses préoccupations et aide les enfants et toutes les personnes à s’épanouir tout au long de leur vie. Il est essentiel de ne pas faire porter la responsabilité de l’amélioration de la santé mentale exclusivement sur les individus ou les familles, mais de s’attaquer aux problèmes structurels, tels que le modèle commercial et la conception des services et produits numériques, ainsi que les déséquilibres de pouvoir qui en découlent.
- proposer une initiative législative, en consultation avec les partenaires sociaux, sur la gestion des risques psychosociaux et le bien-être au travail, en accordant une attention particulière à la main-d’œuvre des secteurs de la santé et des soins.
- assurer la transition vers des soins de santé mentale de proximité, accessibles, abordables et fondés sur les droits de l’homme, et contribuer à la désinstitutionnalisation ;
- proposer une approche globale et holistique pour promouvoir une bonne santé mentale chez les enfants et les jeunes (en ligne et hors ligne) en s’appuyant sur les engagements pris dans le cadre de la stratégie de l’UE sur les droits de l’enfant, de la garantie de l’UE pour les enfants et de la stratégie de l’UE en faveur de la jeunesse. Renforcer les mesures préventives et les programmes d’intervention précoce.
- adopter une approche de co-création lors de l’élaboration de politiques ou de pratiques liées à la santé mentale. Des efforts particuliers doivent être déployés pour atteindre les groupes structurellement exclus des processus de prise de décision.
- financer la recherche et l’innovation conformément à un modèle psychosocial de la santé mentale.
- faciliter l’identification, la collecte, la communication régulière et l’utilisation de données de base sur la santé mentale ventilées par race, sexe, âge, handicap, orientation sexuelle, caractéristiques sexuelles, identité de genre et autres motifs afin d’appréhender correctement les questions d’intersectionnalité.
Les Etats membres à
- Élaborer des plans d’action ou des stratégies en coordination avec l’action européenne selon une approche intersectorielle de la santé mentale portant non seulement sur la santé, mais aussi sur l’emploi, l’éducation, la numérisation et l’intelligence artificielle, la culture, l’environnement et les facteurs climatiques, entre autres, comme le recommandent les conclusions du Conseil européen sur la santé mentale.
- développer des services de santé mentale de proximité, axés sur le rétablissement, conformément à la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées et à la stratégie européenne pour les droits des personnes handicapées.
Le Parlement européen à
- Mettre en place un intergroupe sur la santé mentale, garantissant une structure formelle pour favoriser les échanges sur la santé mentale entre les différents groupes politiques et pour renforcer la collaboration entre les députés et la société civile.
¹Selon l’Eurobaromètre (2023), 62 % des citoyens de l’Union européenne pensent que les événements mondiaux récents (la pandémie de COVID-19, l’invastion de l’Ukraine par la Russie, la crise climatique, le chômage et les coûts de l’alimentation et de l’énergie) ont affecté leur santé mentale.
² Voir la note d’information de Santé Mentale Europe sur l’évolution de la situation politique
³ Plus de la moitié des personnes interrogées dans le cadre de la dernière enquête du baromètre de l’UE et souffrant d’un problème de santé mentale n’ont pas obtenu l’aide d’un professionnel.