Lors de la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre 2024, Aurélie Baranger, directrice d’Autisme-Europe, est intervenue devant la Commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen pour discuter des moyens de lever les obstacles au développement de compétences, à l’éducation et à la formation des personnes handicapées pour promouvoir l’inclusion. L’intervention d’Autisme-Europe a été suivie de plusieurs interventions d’eurodéputés appelant à des aménagements raisonnables dans l’éducation et l’emploi pour les personnes handicapées, y compris les personnes autistes.
Aurélie Baranger a été invitée à participer au panel de discussion, aux côté de Stefan Trömel, spécialiste principal du handicap au sein de l’Organisation internationale du travail (OIT). Elle a présenté la situation des personnes autistes dans les domaines de l’éducation et de l’emploi. Les données disponibles montrent que seuls 16 % des autistes travaillent à temps plein, alors qu’ils représentent 1 % de la population. Le déficit d’emploi chez les personnes autistes reste plus important que dans le reste de la communauté des personnes handicapées. Les obstacles auxquels se heurtent les personnes autistes lorsqu’il s’agit d’accéder au marché du travail trouvent leur origine dans une mauvaise compréhension de l’autisme, les préjugés, une mauvaise accessibilité du processus de recrutement et l’absence d’aménagements raisonnables adéquats sur le lieu de travail. Néanmoins, la discrimination commence bien plus tôt, la majorité des personnes autistes n’ayant pas accès à tous les niveaux d’éducation et cette situation est contraire à la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées.
Aurélie a souligné que l’évolution vers une éducation plus inclusive doit s’accompagner d’un changement de mentalité envers les apprenants autistes. Les écoles restent mal équipées pour répondre à leurs besoins à tous les niveaux d’enseignement, en raison d’un manque général de ressources et de formation sur l’autisme. La majorité des apprenants autistes éprouvent des difficultés car ils ne bénéficient pas d’un soutien et d’une assistance adéquats. Par conséquent, la majorité d’entre eux connaissent des problèmes de santé mentale et leur taux d’absentéisme scolaire est très élevé. Les données disponibles montrent également que les élèves autistes sont deux fois plus susceptibles d’être exclus de l’école que leurs pairs.
Formation adéquate sur l’autisme et tolérance zéro vis-à-vis des brimades
Aurélie a insisté sur le fait qu’il est essentiel de travailler en partenariat avec les personnes autistes et leurs organisations représentatives si l’on veut améliorer l’accès à l’éducation et à la formation tout au long de la vie à travers l’Europe. Elle a souligné la nécessité de promouvoir l’utilisation des fonds européens pour le développement de méthodes et d’environnements d’apprentissage accessibles aux personnes autistes et aux autres personnes handicapées. Il est essentiel de mettre en place une formation obligatoire pour les professionnels, fondée sur l’expérience vécue par les personnes autistes, afin de répondre à leurs besoins individuels à tous les niveaux d’éducation.
Les personnes autistes devraient également être consultées et avoir accès à l’évaluation de leurs besoins de soutien et de leurs points forts lorsqu’il s’agit d’établir un plan d’éducation individualisé. Parallèlement, des programmes d’enseignement flexibles sont nécessaires pour leur permettre d’exploiter pleinement leurs points forts et leurs centres d’intérêt. Les enseignants ont besoin d’une formation initiale et d’un développement professionnel continu fondés sur l’expérience pratique et de terrain. Ils doivent être outillés de stratégies d’enseignement neuro-affirmatives axées sur les droits. Les apprenants autistes doivent, quant à eux, bénéficier d’un environnement accessible et d’aménagements raisonnables.
Il est essentiel de développer la compréhension et l’acceptation de l’autisme et de lutter contre le harcèlement, car les élèves autistes en sont trop souvent la cible. Il convient de mettre en place une politique de tolérance zéro à l’égard des brimades et de prévoir un soutien adéquat.
Pour réussir la transition vers l’emploi, l’expérience professionnelle est fondamentale. Il est essentiel de développer des programmes de soutien aux personnes autistes afin qu’elles puissent acquérir une expérience professionnelle. Il est nécessaire de mettre en place des stages et des apprentissages sur mesure pour les jeunes autistes afin qu’ils acquièrent une expérience professionnelle et des compétences, avec un financement et du soutien adéquats. Il est également essentiel de soutenir le coaching professionnel, les programmes de mentorat et les réseaux de soutien par les pairs qui peuvent aider les personnes autistes à s’épanouir sur le lieu de travail et à progresser dans leur carrière.
Plusieurs membres du Parlement européen ont souligné la nécessité de promouvoir l’inclusion dans l’éducation et sur le marché du travail, et de coopérer avec les organisations de personnes handicapées. La question du harcèlement a été abordée par l’eurodéputée Rosa Estaras, vice-présidente de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement européen, qui a réagi en évoquant les filles et les femmes autistes dans le domaine de l’éducation et de l’emploi. Elle a notamment appelé à la mise en place d’aménagements raisonnables.
Pourquoi une audition ?
Autism-Europe a été conviée à l’audition aux côtés de représentants de la future présidence polonaise de l’UE qui débutera en janvier, de membres de la Commission européenne, de prestataires de services et du Forum européen des personnes handicapées (FEPH). L’audition a eu lieu à l’occasion de la deuxième Semaine 2024 des droits des personnes handicapées du Parlement européen pour marquer la Journée internationale des personnes handicapées.
Voir toute l’audition ici. L’intervention d’Autism-Europe a lieu à 14:57.