Le 30 avril 2020, la réunion en ligne de l’Intergroupe sur le handicap, organisée par le Forum européen des personnes handicapées (FEPH), a rassemblé des experts du domaine du handicap, des députés européens et la commissaire Helena Dalli pour débattre de l’impact du COVID-19 sur les personnes handicapées. Tous les intervenants ont appelé l’UE et les États membres à répondre aux besoins des personnes handicapées pendant la crise sanitaire COVID-19, dans la mesure où nombre d’entre elles ont été touchées de manière disproportionnée par cette crise.
Cette toute première réunion en ligne de l’intergroupe du Parlement européen sur le handicap a été ouverte par les coprésidents Ádám Kósa (Hongrie, PPE) et Brando Benifei (Italie, S&D), pour qui la crise sanitaire du COVID-19 témoigne de la nécessité d’intégrer les questions du handicap dans toutes les politiques et initiatives de l’UE. L’intergroupe a salué la participation d’Helena Dalli (Malte), Commissaire européenne à l’Egalité.
Le président du FEPH Yannis Vardakastanis (Grèce) s’est dit choqué par les situations dramatiques auxquelles sont confrontées les personnes handicapées dans toute l’UE, en particulier celles vivant en institution. Il a appelé la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen à agir rapidement pour protéger les personnes handicapées. La vice-présidente du FEPH, Ana Peláez Narváez (Espagne), déplore que les personnes handicapées aient été oubliées dans les mesures prises en réponse au COVID-19. Luisa Bosisio Fazzi (Italy), membre du conseil d’administration du FEPH, a estimé que la manière dont l’enseignement à distance était organisé pendant le confinement posait des problèmes majeurs aux élèves ayant un handicap intellectuel et contribuait à creuser le fossé éducatif entre les apprenants avec et sans handicap.
Albert Prévos, membre français du comité exécutif du FEPH, a souligné la façon dont les mesures strictes de confinement ont affecté les personnes ayant un handicap mental ainsi que les personnes autistes. Il a souligné la nécessité d’impliquer les organisations de personnes handicapées dans le déconfinement progressif. La membre lituanienne du conseil d’administration du FEPH, Dovilė Juodkaitė, a attiré l’attention sur les effets sociaux et économiques que la crise sanitaire du COVID-19 pourrait avoir sur les personnes handicapées.
La commissaire Dalli estime que la crise sanitaire liée du COVID-19 va permettre de tester la mise en œuvre, par l’Union européenne, de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées. Elle a évoqué plusieurs initiatives pertinentes de la Commission, notamment les initiatives d’investissement dans la lutte contre le coronavirus, qui offrent aux États membres une plus grande souplesse quant à l’utilisation des fonds de l’UE. Le socle européen des droits sociaux devrait servir de ligne directrice pour les États membres pendant la crise. Dalli s’est prononcée contre l’institutionnalisation des personnes handicapées suite aux procédures de quarantaine, et a déclaré que les personnes qui étaient en institution avaient pleinement le droit de recevoir les soins dont elles ont besoin. Elle a promis que la prochaine stratégie européenne en faveur des personnes handicapées tiendrait compte des défis liés au COVID-19.
L’eurodéputé Dragoș Pîslaru (Renew Europe, Roumanie) a présenté le rôle du Parlement européen dans le soutien aux personnes handicapées pendant la crise du COVID-19. Il a mentionné l’adoption d’une résolution appelant à un plan de relance de grande envergure comprenant l’émission d’obligations de relance garanties par le budget de l’UE, un fonds de solidarité d’au moins 50 milliards d’euros, ainsi que des pouvoirs d’action accrus pour l’UE en cas de menaces transfrontalières pour la santé. La résolution appelle la Commission et les États membres à prioriser les personnes handicapées. Elle leur rappelle également leur obligation, en vertu de la CNUDPH, d’associer les personnes handicapées à toutes les mesures les concernant. En outre, la résolution met l’accent sur l’égalité d’accès aux soins de santé pour les personnes handicapées et sur les soins de proximité bien financés, équipés et dotés en personnel.
La députée européenne Anne-Sophie Pelletier (GUE/NGL, Luxembourg) a évoqué la question des mesures de confinement et de l’absence de protection qui pouvaient entraîner la suspension des programmes de réhabilitation et donc placer les personnes handicapées, les kinésithérapeutes et les logopèdes dans une situation difficile. La députée européenne Radka Maxová (Renew Europe, République tchèque) a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures pour protéger les aidants informels, telles que la mise en œuvre rapide de la directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Étant donné que la majorité des aidants informels sont des femmes, le soutien et la reconnaissance des aidants informels permettraient d’atténuer les effets négatifs en matière d’’égalité des genres. Elle s’est aussi enquise de la création de points focaux sur le handicap prévus au sein de la Commission européenne et du Conseil pour assurer l’intégration adéquate des questions relatives au handicap dans toutes les politiques et initiatives de l’UE. Le député européen Stelios Kympouropoulos (PPE, Grèce) a souligné que la désinstitutionnalisation devait se poursuivre pendant le confinement. Il s’est fait l’écho des demandes des personnes handicapées en faveur d’une stratégie européenne pour la désinstitutionnalisation. La députée européenne Mónica Silvana González (S&D, Luxembourg) souhaite que la résolution susmentionnée comporte des points plus concrets pour les personnes handicapées, tels que des garanties, pour les personnes handicapées, d’obtenir des informations dans un langage simple et facile à comprendre ainsi qu’un accès facile à l’information.
Dans sa réponse, la commissaire Dalli a indiqué que le groupe de travail sur l’égalité rassemblait des experts dans ce domaine de toutes les directions générales de la Commission européenne, afin de garantir la perspective de l’égalité dans toutes les politiques et législations.
Pour l’eurodéputée Katrin Langensiepen (G/EFA, Allemagne), l’évaluation de la stratégie européenne sortante en faveur des personnes handicapées devrait également tenir compte des expériences vécues lors de la pandémie COVID-19 et des mesures appropriées devraient être proposées sur la base de consultations systémiques avec les communautés de personnes handicapées. L’eurodéputée Rosa Estaràs (PPE, Espagne) a proposé une augmentation temporaire du cofinancement par le Fonds social européen pour les zones les plus touchées par le coronavirus. Ces fonds soutiendront le secteur social et l’aide à l’emploi des groupes menacés d’exclusion. L’eurodéputée Chrysoula Zacharopoulou (Renew Europe, Grèce) a rappelé la situation difficile des femmes handicapées victimes de violence domestique, lesquelles sont plus vulnérables en période de confinement. Les Etats membres doivent mettre en place des mesures supplémentaires pour assurer une protection et une assistance continues à ces femmes. L’eurodéputée européenne Marianne Vind (S&D, Danemark) a plaidé pour l’inclusion du droit au travail et de la participation active au marché du travail dans la nouvelle stratégie européenne en matière de handicap. Elle a souligné que le marché du travail devait s’adapter aux besoins des personnes handicapées. L’eurodéputé José Gusmão (GUE/NGL, Espagne) a rappelé les principales propositions attendues du Parlement européen. Concernant la stratégie européenne en faveur des personnes handicapées, il a exhorté toutes les parties prenantes du Parlement à faire pression pour que la stratégie soit votée lors de la session plénière de mai. L’eurodéputée Tilly Metz (G/EFA, Luxembourg), qui a clôturé la réunion de l’intergroupe, a rappelé que la directive anti-discrimination devrait être adoptée par l’UE.